En 2016, Yard et son équipe produit Ballon sur Bitume, le premier documentaire qui s’intéresse à la culture du football de rue. Ce film s’immisce à l’intérieur de cette pratique vigoureuse qui fait vivre les quartiers parisiens, mais pas que ! Entre images d’archives et témoignages de grands joueurs internationaux, nous découvrons un univers singulier, une mentalité à part entière, une institution populaire à laquelle Ballon sur Bitume rend un bel hommage.
En effet, le street foot, c’est une arène, un espace où chaque joueur doit prouver son talent s’il veut continuer à jouer. Cette loi du plus fort où il faut sans cesse donner le meilleur de soi pour rester dans le coup fait éclore les véritables potentiels. Leur faim de jouer est insatiable et il semble qu’ils ne se fatiguent jamais. Le fait est que beaucoup d’entre eux sont doués et visent l’excellence de leurs modèles. Mais entre passion et obsession, la frontière est parfois mince et, dans les loges du succès, il n’y a pas de place pour tout le monde.
En quelque sorte, le street foot est une terre d’ambition chaleureuse immergée dans une atmosphère familiale et bienveillante. Ils se connaissent tous et toutes les générations sont confondues. Les grands dribblent aux côtés des petits et bien que le milieu soit bel et bien masculin, les plus audacieuses des demoiselles ne sont pas exclues quand il s’agit de venir tacler l’adversaire.
Dans le street foot, pas de règles strictes. On choisit son camp, son poste. On prévoit, on improvise. Ballon sur Bitume insiste sur l’importance de cette liberté qui rend le football de rue universel. Peu importe qu’il soit joué à Rio ou à Paris, les joueurs partagent le même plaisir simple qui unit les frères autour d’un ballon.
Bien souvent, le street foot est une réalité de banlieue et la jeunesse ne nie pas en avoir besoin pour canaliser ses frustrations. Les problèmes du quotidien sont relâchés dans cet exutoire commun. Ceux qui ont le coup de pied moins agile feront des rimes, car dans la cité, pour s’exprimer, il faut choisir entre le foot ou le rap.
Que ce soit les uns ou les autres, ceux qui sont parvenus à se professionnaliser se souviennent d’où ils viennent. Les témoignages des joueurs internationaux tels que Mehdi Benatia, Serge Aurier, Riyad Marhez montrent qu’ils sont fiers d’avoir commencé sur l’asphalte. Selon eux, la rue leur a permis de se forger une identité forte et de développer une technique supérieure. Les témoignages des rappeurs MHD, Gradur ou encore Niska confirment cet attachement.
Somme toute, le street foot est un état d’esprit, un lieu de rencontre, une école de la vie au cœur du quartier. Le documentaire Ballon sur Bitume raconte avec brio ces relations à la fois fraternelles et compétitives. Passer du bitume parisien au gazon international peut être un rêve, mais ne doit pas devenir une finalité à tout prix. Croire en soi, mais rester humble parce que ce qui compte avant tout, c’est de jouer.
Le documentaire ci-dessous, on se s’en lasse pas 😉
A bientôt